Saturne
Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris une claque gustative pareille ! Chez Saturne, le chef Sven Chartier (parmi les étoiles montantes parisiennes, révélé chef créateur de l'année au salon Omnivore en mars 2013) travaille le produit de manière très brute, produit qu'on sent choisi avec amour chez des producteurs privilégiés.
La cuisine est ouverte sur la salle principale du restaurant et j'ai bien aimé laissé mes yeux traîner pendant le repas, sur le travail de la brigade, orientée par le chef, bien présent.
La déco, nordique, est sobre mais relevée par des éléments que l'on remarque (les luminaires, les appliques murales, la machine à découper le jambon, la verrière, la cave imposante, les légumes posés à même la table...). La salle est grande, les tables espacées, l'ambiance est conviviale et du coup, c'est un peu bruyant.
Le menu Carte blanche nous réserve bien des surprises. Un menu unique pour 60 euros, cela reste un excellent rapport qualité-prix, surtout quand je vous aurai parlé du contenu des assiettes.
Des assiettes assez minimalistes dans la présentation mais qui révèle des associations de saveurs incroyables, voire improbables ! Les assaisonnements sont juste dosés ce qui permet de garder le goût brut des produits bien mis en valeur.
Ce soir-là, nous avons donc eu la chance de goûter des plats plus surprenants les uns que les autres dont je vous livre quelques secrets: le foie gras associé au croquant du radis green meat (moins piquant que le radis noir), la daurade royale cachant des huîtres et recouverte de fines lamelles de betterave, du lieu jaune relevé par un bouillon de langoustine, de l'oursin et du lard, le boeuf de Normandie arrivé à 6 semaines de maturation accompagné de dés d'anguille fumée et de trompettes de la mort. Je vous avais prévenus, ça détonne !
Après une assiette de fines lamelles de comté, qui semble assez classique pour le coup, on arrive aux desserts.
Le premier tourne autour de la poire qui est accompagnée d'une glace à la pomme de terre et de thym. C'est peut-être le seul plat sur lequel j'aurais ajouté un biscuit, une fine tuile, quelque chose de croquant pour équilibrer le côté doux et crémeux de ce dessert.
Et pour terminer en beauté, le chocolat (!!) en crémeux et crumble, accompagné d'une glace et de meringue au topinambour. Et là, je dois dire que je suis servie côté textures différentes et explosion en bouche. Alors qu'au départ j'étais sceptique sur le topinambour car très fort en goût, le dessert dans son ensemble est une tuerie !
Pour accompagner les cafés, de délicieuses madeleines maison au miel. Moi qui ne suis pas une grande fan de madeleines, j'aurais repris un café (mais là, bye bye ma nuit), juste pour y regoûter ! D'ailleurs, le temps de prendre la photo, trois d'entre elles avaient disparu de l'assiette...
En bref, une cuisine audacieuse, surprenante, à la limite de la folie et c'est ça que je recherche aussi dans mes expériences culinaires. Chez Saturne, j'ai été servie. Courez-y avant qu'ils ne décrochent une étoile car j'en suis persuadée, c'est la suite logique et méritée qui les attend.
Saturne 17 rue Notre-Dame des Victoires - 75002 Paris 01.42.60.31.90 fermé samedi et dimanche