David Toutain
Depuis la fin du mois de décembre 2013, David Toutain a un lieu à son nom, tout simplement.
"Tout simplement" ne qualifierait pas la possibilité d'avoir une réservation car il a fallu plusieurs semaines pour booker une date ! Le succès est au rendez-vous, il me fallait aller voir et goûter par moi-même...
Le décor d'inspiration nordique, fait de bois et de béton, me rappelle la sobriété de chez Saturne. Monsieur et moi dînons sur la mezzanine ce qui nous permet de prendre de la hauteur et d'admirer la grande verrière qui domine la rue. En revanche, nous ne pourrons pas jeter des oeillades au Chef et à sa brigade en action. On ne peut pas tout avoir !
Nous nous soumettons au menu carte blanche avec plaisir.
J'aime beaucoup les menus imposés finalement. On navigue de surprise en surprise. Les questions se posent, les suggestions sortent et les paris se font.
Et chez David Toutain, c'est bien ce qui va se passer. Nous assistons à un défilé de plats authentiques et audacieux.
A commencer par le premier, des salsifis (non non, ce ne sont pas des morceaux de bois ni des bâtons de réglisse !) à déguster avec une émulsion de panais et chocolat blanc.
Viennent ensuite des carottes séchées toutes mignonnes...
Pour les entrées, se succèdent l'huître au kiwi (un goût acidulé mais spécial tout de même), l'asperge blanche et son consommé de crustacés et têtes de crevettes (bon, celle-la, je l'ai mangé trop vite donc vous ne l'aurez pas en photo, désolée), l'oeuf cuit à basse température, crème de maïs, caramel au cumin et l'asperge verte passée au barbecue accompagnée de son émulsion de parmesan et ses traits de citron.
Je dois avouer que malgré des plats délicieux, des accords parfaits, des quantités réduites (c'est normal me direz-vous, on a plus de dix mets à découvrir !), je m'attendais à plus de surprises dans l'assiette.
En revanche, au niveau des contenants, les jeux de vaisselle se suivent mais ne se ressemblent pas. C'est très original, j'aime beaucoup la présentation et le dressage.
Je ne vais pas rester longtemps sur ma frustration en termes de surprises car avec les plats, mes papilles seront toutes émoustillées.
On démarre avec une lotte au curry, mousse au chou romanesco, pamplemousse, sauce à l'estragon. Les goûts commencent à bien pétiller et le chaud-froid est très agréable.
La finesse des oursins sur une purée de pommes de terre et son nectar d'oignons m'achève dans le bon sens du terme. J'en prendrais bien une deuxième fois... Je sens qu'on monte en puissance, j'adore ça !
L'anguille fumée est de plus en plus à la carte des grands restaurants. J'ai appris à aimer ça car au démarrage, j'avais un petit blocage…rapport à ce serpent de mer visqueux qui m'angoisse.
Servie sur une mousseline de sésame noir, cela donne un plat très parfumé. C'est un plat signature du Chef Toutain nous glisse à l'oreille le fabuleux et pétillant sommelier, Alejandro.
Après ces derniers plats, je me dis quand même qu'une viande devrait être servie. Et bien, c'est un ris de veau, avocat, pomme verte et céleri qui parvient jusqu'à nous. Ce sera mon coup de coeur de la soirée. Un jeu de textures fabuleux et une explosion en bouche grâce à l'acidité de la pomme Granny.
Après un morceau de Brie de Meaux pour transition, on attaque la dernière ligne droite, les desserts. Et là, on sent que le Chef veut faire tomber les idées reçues en donnant la part belle aux légumes. Provocation ?
Voilà donc en desserts : le chou-fleur, noix de coco et chocolat blanc suivi de près par la poire au citron et pomme de terre.
Présentation simple mais un résultat gustatif étonnant.
Pour terminer ce dîner léger (si si, au final, les quantités sont parfaites pour repartir repus mais délicatement lestés), retour à du classique, une petite truffe et un financier aux framboises.
En bref, un joli moment culinaire grâce à la mise en valeur du produit et des prises de risque dosées.
J'ai trouvé qu'il y avait une vraie cohérence entre la personnalité du Chef, l'ambiance de la salle, le style de la déco et l'identité de la cuisine, basée sur le végétal. Sobre, authentique et audacieuse.
Seul bémol, l'addition qui me semble un peu élevée. Oups.
29 rue Surcouf - 75007 Paris
01 45 50 11 10
Fermé les samedi et dimanche
Menus carte blanche à 68/98 € et 118/158 € (avec accords mets-vins)